Le Comité Afrique de l’Internationale Socialiste s’est réuni à Niamey, la capitale du Niger, les 24 et 25 avril 2006, accueilli par le Parti Nigérien pour la Démocratie et le Socialisme, PNDS, pour aborder les priorités des socialistes et sociaux-démocrates en Afrique.
La réunion, inaugurée le lundi 24 avril au Palais des Congrès de Niamey, avec la présence des délégués de partis membres de l’Internationale Socialiste, de personnalités du Niger - y compris le Premier Ministre et autres autorités du gouvernement - et de plus de 3000 militantes et militants du PNDS, a été ouverte par trois allocutions : une allocution de Mahamadou Issoufou, président du PNDS; une allocution de Luis Ayala, secrétaire général de l’Internationale Socialiste et une allocution d’Ousmane Tanor Dieng, président du Comité Afrique et premier secrétaire du Parti Socialiste du Sénégal.
Mahamadou Issoufou a remercié les participants de leur présence comme un témoignage de solidarité de l’organisation envers le continent et le Niger en particulier, et a souligné que le Comité Afrique était, au sein de l’Internationale Socialiste, le porte-parole des peuples du continent dans le combat mondial des socialistes pour un monde plus juste et plus humain. Luis Ayala a exprimé la solidarité, l’encouragement et le soutien de l’IS à ses partis membres africains et à tous ceux en Afrique qui luttent pour la liberté, la paix, la justice et pour surmonter les défis et les difficultés faisant face au continent, ajoutant que «ce serait en Afrique, et nulle part ailleurs, que la mesure de notre succès ou de notre échec sera la plus évidente et la plus claire.» Ousmane Tanor Dieng a souligné que le continent africain « offrait un visage contrasté », et que si l’espoir était permis, il existait cependant des menaces très sérieuses ; mais a rappelé qu’au cœur du projet socialiste se trouvaient l’égalité des chances et la lutte contre la pauvreté, mais aussi la promotion des droits politiques, économiques, sociaux et culturels pour tous.
Les débats de la réunion ont porté sur trois thèmes : ‘Politiques proactives pour la résolution des conflits’, ‘La lutte contre la pauvreté : programme et priorités sociales-démocrates’ et ‘La gouvernance démocratique dans le continent’. Le premier thème a été introduit par Hassami Massoudou, ancien ministre et secrétaire général adjoint du PNDS, qui a souligné qu’après des décennies de conflits, l’Afrique était « en urgence de paix » . Lors de l’analyse de ce sujet, les délégués ont affirmé que la paix, pour être authentique et durable, exigeait non seulement la mise en œuvre de politiques éliminant les causes profondes des conflits, mais aussi une stratégie de prévention des conflits, à travers des politiques publiques, l’intermédiaire des Nations Unies et un partenariat renforcé des organisations régionales et sous régionales africaines. Diverses situations de conflits au centre des préoccupations des délégués ont été examinées, et l’envoi d’une mission de l’Internationale Socialiste de haut niveau en Côte d’Ivoire a été décidé afin de contribuer à la sortie de crise et à la tenue réussie des élections démocratiques dans ce pays.
Le second thème de l’ordre du jour a été présenté par Aïchatou Kané, ancienne ministre et membre du CEN du PNDS, qui a analysé la stratégie de réduction de la pauvreté au Niger. Dans leurs débat, les délégués ont reconnu que la pauvreté était sans doute le défi majeur auquel l’Afrique était confrontée et ont également constaté le manque de volonté politique au niveau mondial pour réduire de moitié l’extrême pauvreté d’ici à 2015, conformément aux Objectifs cruciaux du millénaire pour le développement. Les débats ont permis au Comité de réaffirmer son soutien et de lancer un appel pour la mise en œuvre du Fonds mondial de solidarité voté par l’Assemblée générale de l’ONU.
Lors du second jour de la réunion, les délégués ont discuté du troisième thème à l’ordre du jour, présenté par Mohamed Bazoum, ancien ministre et vice-président du PNDS, qui a noté les difficultés auxquelles faisait face la démocratie en Afrique. Le Comité a examiné les obstacles sur lesquels buttent les expériences démocratiques actuellement en cours en Afrique et défini les réponses des sociaux-démocrates avec entre autres, la promotion d’élections libres et transparentes, la garantie d’une alternance politique, la liberté de la presse et le développement d’une culture démocratique. Le Comité en particulier a proposé la création d’un Fonds Willy Brandt dans le cadre du soutien des partis politiques et a également invité les Nations Unies à travailler sur ce thème. Les délégués se sont aussi penchés sur le cas particulier du Sénégal en condamnant les dérives d’un régime de plus en plus arbitraire, de la Guinée où la situation est particulièrement préoccupante, et du Tchad, où l’absence de démocratie est derrière plus de quarante années de conflits. Dans le cadre de la réunion, une délégation de l’Internationale Socialiste a aussi tenu, le second jour, des discussions sur les thèmes abordés par le Comité au Niger, avec Son Excellence le Président de la République, Mamadou Tandja.
Les résultats des débats ont été reflétés dans un document adopté comme Déclaration de Niamey, et suite à la proposition du Secrétaire Général de l’Internationale Socialiste, il a été convenu de tenir la prochaine réunion du Comité Afrique au Ghana en septembre prochain.