Discours de Luis Ayala
Secrétaire Général de l'Internationale Socialiste à l'occasion, de l'ouverture de la réunion du Comité Afrique de l'IS, Niamey, 24-25 April 2006
Monsieur le Premier Ministre,
Autres autorités nigériennes,
Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs et Représentants des organisations internationales,
Chers Camarades, chers Militants et Militantes du PNDS,
Chers amis du Niger,
Je veux tout d’abord saluer tous nos amis nigériens et nigériennes qui nous accueillent aujourd’hui chaleureusement à l’occasion de la réunion du Comité Afrique de l’Internationale Socialiste à Niamey.
Pour commencer j’ai trois messages :
1) Le premier message c’est que nous sommes ici pour apporter notre amitié, notre solidarité et notre reconnaissance à tous les Nigériens qui se battent pour consolider, faire avancer et approfondir la démocratie et le développement dans ce pays, le Niger.
2) Deuxièmement, nous sommes ici pour apporter notre encouragement, notre soutien et notre fraternité pour ceux avec qui nous partageons des valeurs, des principes et une vision commune, et je parle ici, bien entendu, de nos amis du PNDS et de leur président Mahamadou Issoufou, ainsi que des autres forces et dirigeants politiques qui travaillent avec lui.
3) Et troisièmement, nous voulons exprimer notre satisfaction et saluer tous nos camarades qui sont venus de nombreux pays d’Afrique mais également d’Europe pour définir ensemble ici, durant ces deux jours, une vision partagée et une réponse juste aux défis prioritaires et actuels pour les socialistes en Afrique.
Chers amis, chers camarades,
Notre travail continu et enthousiaste en faveur de la paix, de la démocratie et de la justice sociale, nous a permis, en particulier durant ces dernières années, de construire ensemble ce qui est aujourd’hui la majeure organisation politique internationale : l’Internationale Socialiste.
Avec la mondialisation, les communications et l’économie globales, nous les socialistes, avons aussi mondialisé notre vision, notre solidarité et nos initiatives. Et nous l’avons fait à partir des aspirations universelles pour la liberté, pour la justice et pour une vie meilleure. Cela explique la présence de partis socialistes et sociaux-démocrates aujourd’hui dans toutes les démocraties du monde ou dans des pays où des gens se battent pour la démocratie.
A partir de nos valeurs communes et d’un horizon qui ne se centre pas seulement sur les intérêts des individus mais aussi des communautés, nous avons fait avancé partout notre vision de la gestion démocratique de l’Etat et de la politique, notre vision d’une gestion avec des responsabilités sociales du marché et notre vision d’une gestion ouverte pour une société solidaire, d’inclusion et d’opportunités pour tous. C’est cela l’essence de ce que nous faisons chez nous, dans nos propres pays, et c’est cela aussi l’essence de ce que nous faisons, et de ce que nous voulons faire, au niveau international. C'est-à-dire, que nous voulons construire au niveau international un système de relations politiques qui prend en compte les intérêts de tous, autrement il n’y aura pas de gouvernance démocratique ; c'est-à-dire que nous voulons construire ensemble une économie mondiale capable d’en finir avec la pauvreté, capable de respecter l’environnement, et de réduire les écarts, autrement il n’y aura pas une mondialisation juste de l’économie. Et nous voulons aussi réussir à faire avancer les opportunités pour tous et à construire un système plus juste et d’inclusion, autrement nous échouerons dans un de nos objectifs qui nous tient vraiment à coeur : la solidarité.
Pour nous les socialistes, mais aussi nous pensons pour toute la communauté internationale, c’est en Afrique, et nulle part ailleurs, que la dimension ou que la mesure de notre succès ou de notre échec, sera la plus évidente et la plus claire. Personne ne peut aujourd’hui considérer que la démocratie est assurée n’importe où, si dans de trop nombreux endroits dans ce continent des gens vivent sous des régimes autoritaires, où des droits politiques essentiels et des droits fondamentaux de la personnes ne sont pas respectés. Personne ne peut aujourd’hui penser que la paix est à portée de la main, dans n’importe quel endroit, si trop de conflits sont la cause de douleur et d’horreur pour tant de gens en Afrique. Et personne ne peut se sentir confortable avec les performances de nos économies dans différents pays du monde si la pauvreté se multiplie en Afrique.
Notre mouvement, depuis des années, a fait sentir sa présence en Afrique. Très tôt, dans la bataille contre l’Apartheid, dans les luttes pour la libération nationale, dans les efforts pour construire des systèmes multipartistes et pour le développement, les sociaux-démocrates et les socialistes de l’Afrique et des différents coins du monde, ont été aux premières lignes. Là où il a eu des avancées pour la démocratie en Afrique, les sociaux-démocrates et les socialistes ont été les protagonistes du changement ; là où il y a eu des conflits, les socialistes et les sociaux démocrates ont été du côté de la résolution pacifique; et là où a régné l’égoïsme et le manque d’opportunité, nous avons été la force de la générosité et du progrès pour tous.
L’Internationale Socialiste et son Comité Afrique, qui se réunit ici à Niamey, a été, et est aujourd’hui, le porteur du signe des temps nouveaux. Ici, entre nous, se trouvent, comme se trouvaient hier, les leaders et les visionnaires du changement ; ici, entre nous, vous trouverez les hommes et les femmes qui sont capables de penser l’avenir autrement et de donner tout ce qui est nécessaire pour l’atteindre. Et aujourd’hui nous sommes tous à Niamey pour renouveler notre engagement et poursuivre nos initiatives et nos efforts au moment où la réalisation du projet social-démocrate est plus importante que jamais.
Aux différents niveaux, au niveau global, au niveau régional, comme au niveau national, il faut aujourd’hui définir la direction que prendra le cours des évènements. Trop souvent, et trop délibérément, la politique, le rôle de l’Etat, les institutions publiques et les partis politiques, ont été soumis à l’attaque d’une vision qui a privilégié uniquement le marché. En Afrique les conséquences de cette vision ont été profondément négatives. Aujourd’hui, de même, devient prioritaire un nouvel examen des éléments essentiels de la gouvernance démocratique en Afrique, gouvernance à laquelle nous, les socialistes, sommes profondément attachés. Une gouvernance qui doit mettre au centre la politique, le rôle des partis politiques comme acteurs fondamentaux de toute démocratie, la tenue d’élections libres et justes, le rôle des médias, des parlements et des organisations de la société civiles comme partenaires mais non pas comme remplaçant des partis politiques, le développement de la culture démocratique et la lutte contre la corruption. Enfin, pas moins de gouvernement ni moins d’Etat mais des gouvernements plus efficaces et un Etat plus moderne. Cette formule de gouvernance démocratique que nous voulons achever, sera au centre de notre attention ici à Niamey. Surs que la lutte pour la démocratie en Afrique est liée à la lutte pour une gouvernance plus démocratique au niveau régional et global. Et de là, l’énorme importance qu’acquiert aujourd’hui l’action de notre Comité Afrique au niveau continental et de notre Internationale au niveau global.
En Afrique, les coûts en vies humaines, les coûts économiques et les coûts politiques des conflits sont dévastateurs. La mise en application urgente d’un agenda de paix et de résolution des conflits est fondamentale et prioritaire à l’heure actuelle. Les socialistes ont choisi partout la paix. Nous savons et nous considérons comme inacceptables les coûts du blocage du processus démocratique, les politiques de discrimination et d’intolérance, la négation et la suppression des droits fondamentaux de la personne et les politiques aventurières des régimes autoritaires qui mènent à davantage de conflits et de douleur. Au centre de la résolution des conflits dans le continent est pour nous la réalisation de la démocratie, la tolérance et la reconnaissance du droit des autres. Notre réunion qui va se pencher sur le thème des conflits donnera de nouvelles pistes pour l’agenda socialiste de paix en Afrique.
La lutte contre la pauvreté n’a pas d’autres scénarios plus dramatiques qu’en Afrique et ici, plus que nulle part ailleurs, c’est une responsabilité partagée de toute la communauté internationale. La réalisation des objectifs du Millénaire pour le développement et la réussite de nos propres propositions, discutées lors de notre dernier Conseil de l’Internationale Socialiste à Athènes en janvier dernier avec la participation de Mahamadou Issoufou en tant que panéliste, et sur laquelle nous allons revenir dans nos travaux ici, est une question clé pour tout le continent qui interpelle notre propre identité de socialistes.
En même temps, je voudrais rendre hommage à l’esprit, à la vision et à l’engagement de tant - parmi les politiciens, les leaders et hommes d’Etat africains, dont beaucoup font partie de notre propre famille politique - qui malgré tant d’obstacles et de difficultés, ont néanmoins apporté dans de nombreux endroits du continent, des agendas de modernité, de démocratie, de liberté et de tolérance, et des Etats et une Union africaine qui méritent toute notre reconnaissance pour toutes ces réalisations. Ils prouvent que l’Afrique et les Africains sont prêts pour faire face à tous les défis de nos temps. Là je reste profondément fier et optimiste de l’avenir des socialistes et du socialisme en Afrique.
Pour finir, je voudrais saluer la cohérence d’Ousmane Tanor Dieng, président de notre Comité et remercier encore une fois l’hospitalité, l’amitié et l’enthousiasme de nos amis du Niger et du PNDS. Merci beaucoup.