Des membres du Présidium de l'IS, chefs d'État et de gouvernement de partis membres de l'IS, responsables d'agences de l'ONU et d'organisations internationales, et un nombre de ministres des Affaires étrangères se sont réunis au siège des Nations Unies à New York le 26 septembre à l'occasion de la 6e réunion annuelle de l'Internationale Socialiste en conjonction avec l'Assemblée générale des Nations Unies. Les thèmes principaux de la réunion ont été les derniers développements dans la lutte pour gagner de nouvelles démocraties, notamment en Syrie et en Égypte, avec un accent particulier sur la paix, la sécurité et les droits de l'homme; et l'engagement social-démocratique pour mettre un terme à la pauvreté et promouvoir l'égalité, en intégrant notre contribution au Programme de développement pour l'après-2015.
Parmi les chefs d'État et de gouvernement présents figuraient le Président du Mali récemment élu Ibrahim Boubacar Keita, les deux vice-présidents de l'IS et premiers ministres Elio Di Rupo (Belgique) et Edi Rama (Albanie), le Premier ministre mauricien Navinchandra Ramgoolam et le Premier ministre maltais Joseph Muscat. António Guterres, Haut-commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, et José Miguel Insulza, Secrétaire général de l'Organisation des États américains, participaient à la réunion en tant qu'invités spéciaux. Le Président de l'IS George Papandreou a présidé la réunion, avec la participation des membres du Présidium suivants: le Secrétaire général de l'IS Luis Ayala, et les vice-présidents de l'IS Victor Benoit (Haïti), Nouzha Chekrouni (Maroc), Ahmed Ould Daddah (Mauritanie), Emmanuel Golou (Bénin), Alfred Gusenbauer (Autriche), Ouafa Hajji (ISF), Eero Heinäluoma (Finlande), Pendukeni Iivula-Ithana (Namibie), Chantal Kambiwa (Cameroun), Marian Lupu (Moldavie), Mario Nalpatian (Arménie), Juliao Mateus Paulo (Angola), Henry Ramos (Venezuela), Ségolène Royal (France), Sandra Torres (Guatemala), Miguel Vargas Maldonado (République dominicaine) et Carlos Vieira da Cunha (Brésil). D'autres hauts responsables de gouvernement étaient également présents: Manuel Vicente, vice-président d'Angola, Titus Corlatean, ministre des Affaires étrangères de Roumanie, Zlatko Lagumdzija, ministre des Affaires étrangères de la Bosnie-Herzégovine et George Rebelo Chicoty, ministre des Affaires étrangères d'Angola.
À l'ouverture du Présidium, l'assemblée a rendu hommage au poète, activiste et diplomate ghanéen Kofi Awoonor, mort tragiquement lors de la récente attaque terroriste survenue à Nairobi. Kofi Awoonor, chef de la délégation du Congrès démocratique national (NDC) lors du XXIV Congrès de l'IS au Cap en Afrique du Sud, a été une source d'inspiration pour beaucoup et continuera à vivre à travers ses œuvres. Les participants ont décidé de transmettre un message de condoléances au NDC de la part de l'Internationale Socialiste.
Dans le cadre des discussions qui portaient sur la lutte pour gagner de nouvelles démocraties et la recherche de la paix et de la sécurité, le Haut-commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, António Guterres, a exposé la situation alarmante des réfugiés syriens, présentant un tableau extrêmement détaillé et très sombre, sous bien des aspects, de la crise des réfugiés et de l'instabilité régionale provoqués par la guerre civile. Plus de deux millions de réfugiés ont été recensés en dehors des frontières syriennes, avec beaucoup d'autres déplacés à l’intérieur du pays. Les pays voisins, en particulier le Liban, souffrent terriblement des conséquences humanitaires, politiques et des questions de sécurité de cette crise. Le Haut-commissaire a souligné dans son intervention l'urgence de parvenir à une résolution pacifique du conflit. L'Internationale Socialiste a clairement exprimé son soutien aux Syriens désireux d'un avenir où régneront la paix, la sécurité et la démocratie, et les participants à la réunion ont apporté leurs contributions, en insistant sur le fait qu'il y a espoir de progresser sous l'égide des Nations Unies.
Les membres du Présidium ont félicité chaleureusement le Président Ibrahim Boubacar Keita pour sa victoire lors des récentes élections présidentielles au Mali, et ont unanimement exprimé leurs vœux de succès au regard des tâches difficiles et importantes auxquelles lui et son pays devront faire face. Le président malien a remercié les membres du Présidium pour leur soutien, dans une période de troubles majeurs pour son pays. Il a exprimé sa fierté d'appartenir à une famille politique si chaleureuse, accueillante et humaine et il a promis de continuer à participer aux activités de l'IS. D'autres membres ont pris la parole pour souligner le rôle important de la solidarité, en tant que valeur clé du mouvement social-démocratique au niveau mondial. L'IS et ses membres ont montré un soutien très fort au Mali, notamment la mission de l'IS dans le pays pendant les élections en a été un bon exemple. Il a été reconnu qu’un engagement important envers la force et la pertinence continues de l'organisation reposent sur la poursuite de l'engagement et de la participation de ces leaders, une fois au pouvoir.
Les débats autour du thème de l'engagement social-démocratique pour mettre un terme à la pauvreté et promouvoir l'égalité ont révélé que les objectifs du Millénaire pour le développement ne seraient pas atteints dans la majorité des cas, et qu'il reste encore de nombreux efforts à fournir dans les domaines de la pauvreté, de la santé et de l'égalité des sexes.
La pauvreté et la faim restent les priorités de la social-démocratie, et les diverses régions du monde sont confrontées à des problèmes variés. En Europe par exemple, les progrès sociaux survenus depuis la Seconde guerre mondiale sont désormais menacés à cause de plans d'austérité trop zélés fondés sur des idéologies, qui visent à démanteler l'État providence. En Amérique latine, il est essentiel de redoubler d'efforts pour s'assurer que la croissance profite au plus grand nombre, et non pas à une infime fraction de la population composée des plus riches ; notant que le continent « n'est pas pauvre » mais « inégalitaire ».
Les progrès dans la lutte contre la pauvreté en Afrique sont menacés par les conflits. Même si la démocratie a vaincu au Mali, de tels conflits se poursuivent dans de nombreux pays africains et le Présidium a exprimé sa grande inquiétude à propos des crises en cours en République centrafricaine, dans la République démocratique du Congo et en Somalie, qui semblent échapper à l'attention internationale et passer totalement inaperçues.
La promotion de l'égalité des sexes et de l'autonomisation des femmes, autre objectif des OMD, a également été un objectif essentiel de l'IS, et la nécessité d'avoir une représentation hommes-femmes égalitaire au sein de l'organisation a été réitérée.
Les initiatives actuelles et futures de l’IS, ainsi que les priorités de l’organisation étaient également à l'ordre du jour de la réunion. Le Présidium a passé en revue les activités de l'organisation dans la période très chargée qui a suivi le dernier Conseil à Lisbonne. Les décisions qui en avaient découlé se sont traduites par une série de réunions des comités, de missions, de délégations et d’autres initiatives.
Plusieurs intervenants ont mentionné les révélations récentes concernant l'interception de données électroniques privées par les agences de sécurité. Il a été conclu qu'il s'agit là d'une menace sérieuse envers les libertés personnelles et l'IS se doit de défendre sa position pour protéger les citoyens du monde contre une surveillance intrusive et sans discrimination, atteinte inacceptable aux libertés civiles au nom de la lutte antiterroriste. L'étendue de l'espionnage des Etats-Unis au Brésil est particulièrement préoccupante, avec les appels présidentiels, les ambassades et les intérêts commerciaux figurant parmi les principales cibles visées. Il a été convenu que ces questions doivent être soulevées dans une déclaration à adopter lors du prochain Conseil, en reconnaissant que ceux qui ont connu la vie sous un régime de dictature sont extrêmement méfiants à l'égard de ces tactiques de surveillance, qui permettaient aux régimes totalitaires de garder le contrôle.
Comme dans beaucoup d'autres domaines, la supervision démocratique est d'une importance capitale pour toutes les questions d'espionnage et de surveillance. Le Présidium a également souligné le besoin de continuer à travailler conformément aux valeurs et aux principes de la social-démocratie, et il incombe aux partis membres en gouvernement d'offrir le soutien et la solidarité nécessaires lors de manquements à la démocratie. Les événements récents, dont le coup d'Etat en Égypte, ont attiré l'attention sur des questions fondamentales autour de la légitimité et du besoin de défendre les libertés et de protéger les droits de l'homme. Comme l'a déclaré l'Internationale, un coup d'Etat porte gravement atteinte à la démocratie et l'Égypte doit désormais retrouver urgemment la voie de la démocratisation.
Tout en reconnaissant les chemins différents qu'ont pris la Libye, l'Égypte et la Tunisie depuis leurs révolutions en 2011, il a été remarqué que qualifier les émeutes de « Printemps arabe » pourrait constituer une étiquette passe-partout qui ne prend pas en compte les grandes divergences de situations nationales dans chacun des pays concernés. L'importance capitale de la démocratie a encore été réitérée à l'unanimité par les membres présents, car la démocratie peut offrir aux pays d’Afrique du Nord et de l’ensemble du continent, la chance de prendre leur destin en main, afin de surmonter les grandes différences ethniques et linguistiques présentes en Afrique. L'IS doit continuer à promouvoir des solutions basées sur la négociation, la paix et des accords multilatéraux pour résoudre les conflits dans le monde, conformément à son engagement envers la démocratie et son souhait de mettre un terme à la violence. Dans ce contexte, la réunion a pris note de façon positive des récentes déclarations de l'organisation à propos des développements en Syrie et en Égypte.
La question toujours critique de la migration fera l'objet de futures initiatives de l'Internationale. La migration est un sujet qui touche une grande majorité de pays dans le monde, qu'il s'agisse de ceux qui fuient la violence et les persécutions et l'effet sur les pays d'accueil, ou des épreuves et des menaces quotidiennes des nombreux migrants vivant en situation irrégulière.
Le Présidium a décidé que la prochaine réunion du Conseil de l'IS aura lieu à Istanbul du 11 au 12 novembre 2013, et sera accueilli par le Parti républicain du peuple (CHP). Elle abordera en particulier les crises actuelles de lutte pour la démocratie, notamment au Moyen-Orient et dans les pays d’Afrique du Nord, et les conflits qui menacent la paix et la sécurité. Elle organisera également des discussions pour réaffirmer la vision centre-gauche pour l'économie mondiale, avec un accent particulier sur la croissance, l'emploi et l'égalité, et un nouvel agenda pour le développement.