Présidé par Clare Short, ministre du Développement international du Parti Travailliste britannique, le Comité de l'IS sur les Droits de la personne humaine, SICOHR, s'est réuni à Manille le 25 avril. A cette réunion accueillie par le Parti Socialiste Démocratique des Philippines, PDSP, des participants de tous les continents se sont rassemblés pour débattre plusieurs thèmes qui avaient été soulevés à la réunion du SICOHR, organisée à la fin de l'année dernière, à Londres. Le comité a tout d'abord examiné la manière de renforcer et de promouvoir les droits économiques et sociaux. Puis la réunion a porté sur le racisme et la xénophobie. Enfin, concernant le travail du comité sur la révision du cadre servant à établir l'ordre de priorité des actions de l'Internationale, des documents consultatifs ont été présentés sur les structures de l'IS utilisées en réponse aux plaintes éventuelles portées contre des partis membres pour violation des droits de la personne humaine et aux demandes d'action résultant de violations flagrantes de ces mêmes droits.
Le secrétaire général de l'IS, Luis Ayala, a prononcé un discours devant les délégués à l'ouverture de la réunion, dans lequel il a reconnu que l'organisation d'une réunion en Asie était un signe de l'inquiétude du comité concernant les atteintes portées aux droits sociaux et économiques, ainsi qu'aux droits civiques et politiques dans la région. L'IS maintenait, a-t-il déclaré, son engagement en faveur de la lutte pour l'amélioration des droits démocratiques et des droits de la personne humaine en Asie comme ailleurs.
Comme convenu à la dernière réunion du SICOHR, à Londres, des rapporteurs avaient préparé des exposés sur différents thèmes en vue de leur débat par le comité. Thomas Hammarberg, du Parti Social-Démocrate Suédois, SAP, a présenté un document consultatif sur les droits économiques, sociaux et culturels, un aspect des droits de la personne humaine qui, de l'avis du comité, constitue un domaine d'action naturel pour l'Internationale.
Thomas Hammarberg a déclaré que ces droits couvrent les droits syndicaux, les droits à l'éducation, à la santé et à un niveau de vie adéquat et que le comité avait le devoir de promouvoir une approche des questions économiques et sociales basée sur les droits. Il fallait de plus encourager les partis membres, en particulier ceux qui sont au pouvoir, à ratifier les normes reconnues au niveau international concernant ces droits fondamentaux.
Il a expliqué qu'il fallait renforcer le dialogue avec les organisations syndicales internationales et le mouvement des femmes pour stimuler une action dans ce domaine. Des progrès importants pourraient, a-t-il déclaré être accomplis, en associant cette campagne à celles en faveur des travailleurs immigrés, des droits des femmes et des droits des enfants.
Clare Short a continué le débat en rappelant qu'il est du devoir de tout gouvernement de garantir ces droits pour tous les citoyens et de promouvoir un système mondial qui contribue à la réalisation de ces droits. Elle a ajouté que le cinquantième anniversaire de la Déclaration de l'ONU sur les droits de l'Homme, constituerait une occasion idéale pour rappeler à chacun l'importance de leur indivisibilité et de leur universalité.
Dominador Calamba, du Parti Socialiste Démocratique des Philippines, PDSP, directeur régional de la Commission sur les droits de la personne humaine des Philippines a alors parlé de la détermination du peuple des Philippines à protéger et à promouvoir les droits de la personne humaine et a décrit l'évolution de la situation à cet égard dans son pays.
Les délégués ont alors décrit les problèmes spécifiques rencontrés en matière de droits économiques, sociaux et culturels dans leur pays.
Le comité a défini les mesures nouvelles à prendre dans le domaine des droits économiques, sociaux et culturels. Il a été convenu que la question occuperait une place centrale dans les débats du XXIe Congrès de l'IS qui aura lieu en 1999.
Passant au deuxième point de l'ordre du jour, les délégués ont exprimé leur accord sur le fait que ce thème était un sujet vital de débat pour le comité et que l'exposé d'introduction sur le racisme et la xénophobie en Europe et le droit des travailleurs immigrés constituait une contribution excellente au débat. Tout en reconnaissant la valeur de l'action des partis socialistes et social-démocrates européens dans ce domaine, ce document demandait de nouvelles mesures: une législation sur le racisme, une législation sur la liberté de circulation pour les travailleurs immigrés, une législation sur les droits politiques, sociaux et économiques des résidents, l'augmentation des budgets de lutte contre la discrimination et l'exhortation à tous les partis politiques de signer un code conduite anti-raciste pour les élections.
Le comité a ensuite examiné les structures proposées pour répondre aux plaintes concernant l'action de partis membres en matière de droits de la personne humaine. Suite à la réunion de Londres, un document consultatif a été présenté par le président sur les règles concernant les procédures à suivre pour porter plainte, l'examen équitable de leur bien-fondé, les recommandations, les délais accordés aux partis membres pour améliorer leur action et pour finir les sanctions éventuelles.
Le dernier document consultatif de la réunion couvrait les mesures que pourrait prendre l'IS s'il était nécessaire de réagir rapidement concernant des allégations de violation des droits de la personne humaine. Ce document décrivait deux méthodes d'organisation: un réseau de "réponse rapide" regroupant les partis membres de l'IS et une enquête formelle par le comité. Les délégués ont jugé essentiel que le réseau de l'IS soit efficace et véritablement capable de montrer sa solidarité aux victimes de violations. Divers types de mesures ont été proposés: lettres de soutien aux victimes de violations, lettres au gouvernement en question l'exhortant à protéger ces victimes; lettres aux partis membres locaux de l'IS leur demandant de mener une action sur le problème; présentation du problème par les parlementaires de l'IS à leurs parlements; et invitation de représentants des victimes par les partis membres de l'IS à prendre la parole à leur congrès et manifestation de leur solidarité avec les victimes.
Conformément aux décisions prises à la réunion de Londres, il a été réaffirmé que les actions formelles exécutées par l'Internationale Socialiste ne devaient pas faire double emploi avec celles d'autres organisations, mais qu'une action complémentaire pourrait être extrêmement utile en soulignant la gravité des violations. Les critères suivants ont été proposés pour justifier l'intervention de l'IS: les abus sont si graves qu'ils inquiètent l'ensemble des observateurs internationaux; les droits enfreints ont une importance particulière pour l'Internationale, par exemple, persécution de militants d'un parti membre ou d'un syndicat; ou cas dans lequel l'IS a accès aux parties en conflit par l'intermédiaire d'un parti membre ou grâce à d'autres liens politiques, qui rendrait son intervention particulièrement efficace.
Les délégués ont ensuite été invités à présenter des cas nationaux d'abus de droits. Michael Beahan, du Parti Travailliste Australien, ALP, a fait un bref exposé des abus du présent gouvernement concernant l'érosion et les atteintes aux droits acquis par les peuples autochtones d'Australie. Il a également décrit les abus subis par les travailleurs du front de mer. Oung Myint Tun, de la Ligue Nationale pour la Démocratie, NLD, a donné des nouvelles de la situation qui règne en Birmanie et a demandé la condamnation des dernières attaques lancées sur les camps de réfugiés en Thaïlande, de l'emprisonnement des membres du NLD et des relocalisations forcées exécutées avec le soutien du gouvernement et d'autres abus perpétrés dans l'Etat central Chan. Couvrant les poursuites sélectives et les persécutions politiques qui sévissent en Malaisie, Teresa Kok, du Parti d'Action Démocratique, DAP, a référé au comité le cas de Lim Guan Eng, député du parlement de Kota Melaka, secrétaire général adjoint du Parti d'Action Démocratique en opposition. Mahesh Acharya, du Parti du Congrès Népalais a parlé de la situation critique du peuple du Bhoutan. Qasim Zia, du Parti du Peuple du Pakistan, a expliqué la nature des abus subis par son parti. Décrivant la situation qui règne au Moyen-Orient, Izzat Sabbe Sharour, du Fatah, a décrit les revers que subit actuellement son peuple.