Le Comité pour la CEI, le Caucase et la mer Noire de l’Internationale Socialiste a tenu une réunion en ligne le samedi 5 décembre 2020 avec la participation des partis membres des pays de la région. L’ordre du jour de la réunion s’articulait autour de trois grands thèmes et s’est ouvert sur la présentation des rapports de situations nationaux des partis membres, dont l’attention a été particulièrement axée sur les conséquences de la Covid-19. La réunion a ensuite donné lieu à des discussions sur la résolution des conflits et le maintien de la paix, suivies de contributions relatives à la défense et au renforcement de la démocratie et de ses institutions dans les pays de la CEI, du Caucase et de la mer Noire.
Le Comité a reçu des rapports sur les effets de la pandémie, un certain nombre des participants ayant personnellement souffert de la maladie. Les différentes approches adoptées par les pays de la région ont eu une forte incidence sur la propagation du virus et sur ses conséquences sur la population, les pays ayant été touchés de diverses manières dès les premiers mois de la pandémie, et encore aujourd’hui. Les priorités sociales-démocrates de riposte à la pandémie, telles que l’accès aux soins de santé, la mobilisation des ressources pour soulager les difficultés économiques et la question d’un accès équitable aux vaccins, ont figuré parmi les questions clés abordées lors des échanges.
Sergey Mironov, président du parti Une Russie juste, a fait état d’une situation toujours complexe en Russie. La pandémie a engendré des difficultés sociales et un chômage à long terme, bien que l’espoir soit permis avec le lancement imminent d’une vaccination de masse grâce au vaccin Sputnik V, que la Russie se dit prête à partager, souligne M. Mironov. Le virus a touché l’ensemble de l’humanité, mais il a bon espoir qu’elle pourra être combattue si les pays unissent leurs forces. Son parti a toujours défendu les relations internationales et il décrit l’IS comme une communauté idéologique forte, confiant que ses paroles seront entendues, exprimant un point de vue commun particulièrement nécessaire en cette période de pandémie.
La Moldova est en état d’urgence du fait de l’augmentation du nombre de cas quotidiens de Covid-19 dans le pays. Cristina Lesnic, membre du bureau exécutif du PDM, a insisté sur l’importance de placer le citoyen au cœur de la riposte à la pandémie, sur la nécessité de garantir l’accès aux médicaments et de compter sur un système médical renforcé. Le PDM œuvre à l’exécution de son plan de lutte contre la pandémie et ses conséquences. L’accès à un traitement médical approprié est également un problème sérieux pour le Kirghizistan, pays qui n’a pas été en mesure de gérer efficacement la pandémie du fait de l’incapacité de l’ancien président à trouver les financements requis pour permettre l’accès à une assistance médicale gratuite aux citoyens ou créer des hôpitaux dédiés à la prise en charge des patients malades du coronavirus, aboutissant à un taux de décès disproportionnellement haut. Askhat Rakhimzhanov, président du parti OSDP au Kazakhstan, a déclaré que son pays n’a pas été épargné par les ravages de la pandémie et des mesures strictes ont été prises, notamment l’introduction d’un confinement et la déclaration de l’état d’urgence. Selon M. Rakhimzhanov, des enseignements ont été tirés de la première vague, permettant au pays de mieux se préparer à l’arrivée de la seconde.
En revanche, un certain nombre de participants ont constaté que la seconde vague a été plus sévère qu’au printemps, dont Gia Jorjoliani, président du SDD en Georgie, pour qui la pandémie a révélé les graves manquements de l’ordre mondial dans sa capacité à répondre à une telle crise. La Géorgie a très bien su passer la première vague au printemps avec un confinement de deux mois, pour se retrouver parmi les pays ayant le moins bien géré la seconde vague. Autre pays fortement touché par cette dernière, la Hongrie a vu son gouvernement incapable de trouver un équilibre entre l’économie et les conséquences de l’absence de confinement, confie Alexandra Dobolyi, coprésidente du Comité, du parti MSzP hongrois.
L’attention des membres du Comité a été attirée par Yauheni Vilski, premier vice-président du NH au Bélarus, sur l’absence dangereuse de réponse du régime de Loukashenko au Bélarus, décrivant une administration qui privilégie la loyauté au détriment de la santé, ce qui implique que toute personne qui s’opposerait publiquement au gouvernement perdrait emploi. Le régime a choisi de nier l’existence de la pandémie, bien que des hôpitaux de Minsk ne traitent plus qu’exclusivement les patients atteints de Covid-19.
Sur le thème de la paix et de la résolution des conflits, le récent conflit dans le Caucase du Sud a reçu une attention particulière, et les participants de l’Arménie et de l’Azerbaïdjan ont partagé leurs perspectives sur la situation.
Araz Alizadeh, coprésident du Comité et leader du SDPA en Azerbaïdjan, a décrit le conflit comme une guerre patriotique soutenue par l’ensemble des partis politiques azéris, provoquant le départ des forces arméniennes du territoire qu’elles occupaient depuis 1993. Face aux allégations de participation de la Turquie à la guerre, il a nié la présence de troupes armées turques en Azerbaïdjan. Sa posture est que son pays n’a à aucun moment attaqué le territoire arménien, contrairement à l’Arménie qui a lancé une attaque contre Ganja, une ville en-dehors de la région du Karabakh, en violation du cessez-le-feu du 10 octobre. M. Alizadeh a rappelé que le SDPA n’aspire pas à la guerre, quelles que soient les revendications d’Erevan, et qu’une mauvaise paix vaut mieux qu’une «bonne» guerre.
Shaghig Maroukhian, membre du Conseil suprême de l’ARF en Arménie, a décrit les actions azerbaïdjanaises comme une agression à grande échelle, en violation du cessez-le-feu tripartite, à la fois prévue et coordonnée avec l’aide militaire et politique de la Turquie. Elle a accusé le gouvernement d’Azerbaïdjan de recruter des mercenaires terroristes en Syrie et en Libye, et de violations immédiates des deux cessez-le-feu convenus en octobre. L’ARF a remis en cause l’accord de cessez-le-feu du 10 novembre et a déclaré son concours aux manifestations contre le Premier ministre arménien et la formation d’un nouveau gouvernement intérimaire. Selon Mario Nalpatian, vice-président de l’IS et membre de l’ARF, une paix juste n’a pas été atteinte, rappelant l’attachement de son parti aux valeurs et principes de l’IS et sa disposition à œuvrer en ce sens dans le Caucase du Sud.
Concernant la question de la résolution des conflits, le vice-président de l’IS, Alexander Romanovich (Une Russie juste), est revenu sur le rôle personnel des leaders en Arménie, en Azerbaïdjan et en Russie pour atteindre un accord de cessez-le-feu. Il a regretté le nombre de conflits ouverts dans la CEI, en référence à la situation en Moldova et en Ukraine, et exprimé sa conviction que les conflits ne peuvent être résolus uniquement par des pourparlers sous les auspices internationaux des Nations Unies.
Concernant le conflit en Transnistrie, Cristina Lesnic a rappelé que bien que l’année ait été difficile, le PDM n’en a pas moins adopté une approche axée sur les résultats. Elle a décrit l’isolement de la Transnistrie depuis l’introduction de postes de contrôle et qualifié les violations des droits humains d’insoutenables, appelant à une solution négociée dans le respect de l’intégrité de la Moldova, des droits humains et de la sécurité.
Les discussions relatives à la démocratie ont porté sur les événements survenus depuis le scrutin présidentiel frauduleux au Bélarus, lequel a été rejeté par l’IS et nombre d’autres organisations internationales. Marina Adamovich (NH, Bélarus) a rappelé aux participants que 189 jours se sont écoulés depuis l’emprisonnement du leader de Narodnaya Hramada et coprésident du Comité, Mikalai Statkevich, aux côtés d’autres candidats politiques, lauréats du prix Sakharov et plus de 600 défenseurs des droits humains. Du fait de l’emprisonnement des leaders de l’opposition, les Bélarussiens ont lancé des manifestations sans aucun leader, tout en formant une nouvelle nation politique bélarussienne. Ces manifestations, il a été rappelé, ne constituent en rien un choix entre l’Est ou l’Occident, mais bien des manifestations bélarussiennes internes en faveur de la démocratie et du respect des droits humains.
Temirlan Sultanbekov (SDP) a fait état des enjeux démocratiques au Kirghizistan, décrivant la situation ayant mené à des manifestations de masse et à la chute du précédent régime en octobre. Le SDP n’a pas pu mener sa campagne pendant la période électorale précédant ces événements, du fait des fortes pressions exercées sur les membres du parti. Après la démission de l’ancien président Jeenbekov, il se dit optimiste pour l’avenir et confiant que les auteurs de crimes seront appelés à répondre de leurs actes et les prisonniers politiques libérés. Le parti n’a pas cherché à s’emparer du pouvoir pendant les soulèvements, mais se dit prêt à participer aux élections parlementaires démocratiques et à jouer son rôle au sein d’une coalition ou dans l’opposition.
Askhat Rakhimzhanov (OSDP) a fait mention de changements survenus au Kazakhstan en vue de faciliter la formation de partis politiques et d’accroître la pluralité d’opinions dans la sphère politique. En outre, une loi spéciale sur l’égalité des sexes dans les organes administratifs a été adoptée, et la formation des listes des partis et la tenue de manifestation ont été facilitées. Il a expliqué la décision prise par l’OSDP à son Congrès de boycotter les prochaines élections pour protester contre la non-modification des lois électorales en dépit des efforts déployés par le parti. En tant que seul parti de l’opposition, il a également été victime de nombreuses provocations au cours des derniers mois, notamment de tentatives de prise de pouvoir par des acteurs extérieurs.
Dans ses remarques conclusives, le secrétaire général de l’IS, Luis Ayala, a rappelé que l’IS a fait de la résolution des conflits une partie intégrante de son identité dans le monde entier, et continuera à rassembler ses partis membres pour trouver des terrains d’entente, dégager des compromis et coopérer. Il ajoute que la démocratie demeure un enjeu de taille dans la région et constate que l’IS a tout fait pour garantir la participation d’un délégué du Tadjikistan, pays en proie à une grave absence de droits, de libertés et de démocratie, et où les sociaux-démocrates sont confrontés à une situation extrêmement difficile. Nous nous ouvrons également à des amis partageant le même esprit en Ouzbékistan et qui font face à un destin similaire. En matière de résolution des conflits et de droits humains, l’IS continue à être en contact avec les Nations Unies. M. Ayala estime qu’en tant que famille politique, l’IS est pleinement impliquée dans cette région et obtient des résultats. Il a rendu hommage aux sociaux-démocrates de la région qui œuvrent pour la démocratie et le progrès, améliorant la situation par leur travail acharné et persévérance, et se dit fier que les membres de cette famille politique s’en retrouvent les figures de proue.