Les derniers vestiges de la démocratie s’effondrent au Venezuela

30 mars 2017

La décision que vient d’adopter la Cour suprême de justice (TSJ) du Venezuela, déclarant que l’Assemblée nationale de ce pays, soit ni plus ni moins le pouvoir législatif du Venezuela, a enfreint la loi, alors qu’elle annonce également reprendre les fonctions de ce pouvoir de l’État, est la négation même, sinon plus, c’est un coup fatal porté aux derniers vestiges de la démocratie dans cette nation d’Amérique latine.

La démocratie n’existe que lorsque s’opère une claire séparation des pouvoirs de l’État, ce qui a été mis à mal depuis un certain temps déjà, en témoignent les Vénézuéliens, alors que les libertés et les droits ont été restreints, accentuant les effets d’une grave crise politique, sociale, humanitaire, de sécurité humaine et de santé, qui a inexorablement frappé les citoyens de ce pays du fait d’une gestion insuffisante, autoritaire, centrée sur elle-même et indifférente aux souffrances provoquées par ses actions.

Alors que l’opinion publique internationale s’est tenue au fait des efforts déployés par des organisations multilatérales telles que l’OEA, l’Organisation des États américains, pour préserver un minimum de référents et le respect des valeurs et principes partagés aujourd’hui non seulement entre les peuples de l’Amérique latine et des Caraïbes, mais également à travers le monde entier, les démocrates de tous les continents ne peuvent aujourd’hui tolérer la concentration des pouvoirs observée au Venezuela, les atteintes aux droits de ses citoyens, l’existence de prisonniers politiques et les pénuries qui frappent mortellement la population de cette nation, jour après jour.

L’Internationale Socialiste, face à la grave situation que connait aujourd’hui le Venezuela, condamne et dénonce fermement et avec conviction la décision de la Cour suprême, dont la composition a déjà été sérieusement remise en cause à la fin du mandat de la précédente Assemblée, et se joint à la demande formulée par les forces démocratiques du Venezuela pour le rétablissement immédiat de la séparation des pouvoirs de l’État dans ce pays, conformément à sa Constitution. Elle appelle à la fin du mépris, des obstacles et des entraves pour que l’Assemblée nationale, élue par tous les citoyens vénézuéliens, puisse assumer à nouveau et sans plus attendre ses fonctions législatives, et bénéficier d’une pleine reconnaissance de l’immunité parlementaire de ses membres ; à la libération immédiate de tous les prisonniers politiques sous les verrous du régime depuis des années déjà, puisqu’il ne peut y avoir de démocratie en présence de prisonniers politiques ; et à la mise en place de toute urgence d’un calendrier électoral, puisqu’en démocratie, c’est le peuple qui choisit ses dirigeants lors d’élections qui doivent être justes et libres, et convoquées régulièrement.

Au cours des dernières décennies, alors que des citoyens des quatre coins de la planète, autrefois sans voix ni votes, ont ouvert la voie et donné une légitimité, avec volonté et espoir, à des systèmes politiques qui permettent de construire et de préserver la démocratie, personne, nulle part, ni même au Venezuela, ne peut aujourd’hui prétendre échapper, occulter ou fuir ses obligations et affirmer que le reste du monde n’a pas son mot à dire.

Pour l’heure, le gouvernement du Venezuela et Nicolás Maduro ont une énorme responsabilité à assumer et doivent agir aujourd’hui, et pas demain.