Le retrait de la Turquie de la Convention d'Istanbul
22 mars 2021
L’Internationale Socialiste est extrêmement inquiète par la décision annoncée par la Turquie de se retirer de la Convention d’Istanbul par un décret émis par le président Erdoğan. Cet acte unilatéral, apparemment en violation de la constitution turque, marque un recul important pour les droits des femmes en Turquie et assène un grand coup symbolique à la lutte permanente pour les droits des femmes en Europe et dans le monde. L’IS exprime sa solidarité avec les 42 millions de femmes en Turquie dont les droits humains sont menacés par cette action irresponsable et inacceptable.
La Convention du Conseil de l’Europe sur la prévention et la lutte contre la violence à l'égard des femmes et la violence domestique, communément appelée Convention d’Istanbul, a été établie il y a dix ans dans un but de prévention de la violence et de protection des victimes, ainsi que pour mettre un terme à l’impunité des auteurs de violences à l’égard des femmes. La Turquie était le premier pays à ratifier ce traité, qui porte le nom de sa plus grande ville, suite à son adoption à l’unanimité par le parlement. La violence à l’égard des femmes est une violation des droits humains et la convention confère aux États la responsabilité de la prévention de la violence domestique, de la protection des victimes et de la poursuite des délinquants inculpés.
Alors que la Turquie signale son retrait de la convention, les niveaux de violence contre les femmes augmentent. Au cours des dix dernières années, le nombre de fémicides a tragiquement et rapidement augmenté pour atteindre trois fois son niveau antérieur. Il s'agit d’une évolution inacceptable qui exige d’être traitée rapidement. Dans ce contexte, le retrait de la Convention d’Istanbul est l’exact opposé de ce que les femmes de Turquie sont en droit d'attendre de leur gouvernement et cet acte s'apparente à une attaque directe des droits des femmes par un régime de plus en plus autoritaire et conservateur.
L’Internationale Socialiste demande au président Erdoğan et au gouvernement de Turquie d'annuler cette décision mal avisée, illégitime et dangereuse de se retirer de la Convention d’Istanbul. Alors que tous les gouvernements doivent redoubler d’efforts pour mettre fin au fléau de la violence sexiste, des mesures régressives telles que celles annoncées en Turquie sont injustifiables. L’IS offre son soutien total au CHP, parti membre de l’IS en Turquie, dans ses efforts pour défendre les droits des femmes et veiller à ce que la Turquie ne quitte pas la Convention.