Grave inquiétude face à la détérioration de la situation politique au Nicaragua

15 juin 2021

L'Internationale Socialiste a suivi avec une profonde préoccupation la détérioration continue de la situation politique au Nicaragua où des élections générales doivent avoir lieu le 7 novembre de cette année. Déjà en janvier 2019, le Conseil mondial de l'IS, réuni dans la ville de Saint-Domingue, en République dominicaine, avait décidé à une large majorité de retirer de ses membres le parti au pouvoir, le Front sandiniste de libération nationale, FSLN, du fait de « graves violations des droits de l'homme et des valeurs démocratiques commises par le gouvernement du Nicaragua ».

À l'approche des élections en novembre, plusieurs opposants et critiques de premier plan du président Daniel Ortega ont été arrêtés ces dernières semaines et jours, dont Cristiana Chamorro, fille de l'ancienne présidente, qui dirige la Fondation avec le nom de sa mère Violeta Barrios de Chamorro ; Félix Madariaga ; Juan Sebastián Chamorro ; l'ancien ambassadeur Arturo Cruz ; l'économiste José Adán Aguerri, la sociologue Violeta Granera ; l'avocat José Pallais ; la présidente d'Unamos Suyen Barahona et le vice-président d'Unamos Hugo Torres ; Dora Téllez, ancienne combattante de même que président Ortega et aujourd'hui opposante ; l'avocate et militante d'Unamos Ana Margarita Vijil ; l'avocate Tamara Dávila, militante d'Unamos, et l'ancien vice-ministre des Affaires étrangères du Nicaragua, Víctor Hugo Tinoco Fonseca. De même, un certain nombre d'autres acteurs sociaux, militants des droits humains et opposants au gouvernement Ortega ont été arrêtés ces derniers jours, dont certains sont détenus sans communication et leur sort est inconnu.

Il est grave non seulement pour le Nicaragua mais pour toute la région de l'Amérique latine et des Caraïbes et au-delà, de constater qu'au cours des dernières années, le cadre institutionnel et la légitimité démocratique se sont progressivement détériorés et dégradés, au vu de tous. Aujourd'hui, la situation devient critique, car les droits et libertés fondamentaux des citoyens nicaraguayens sont bafoués.

Les manifestations sociales massives de 2018 et les graves violations des droits humains qui ont accompagné la violente répression gouvernementale, sont en partie une réaction face à la concentration croissante des fonctions publiques du sandinisme et au projet de maintien au pouvoir le président Daniel Ortega. Dans leur sillage, de nombreuses initiatives législatives, administratives et judiciaires visant à restreindre la démocratie nicaraguayenne ont été adoptées et sont aujourd'hui appliquées à des fins politiques illégitimes. 

Face à la nécessité de disposer de conditions permettant des élections crédibles, participatives et inclusives en novembre prochain, le gouvernement du Nicaragua doit immédiatement libérer tous ceux qui ont été détenus pour des raisons politiques, et empêcher toute restriction illégitime des droits de ses citoyens à exprimer leur soutien aux différentes propositions et alternatives qui recherchent l’appui et la confiance de l'électorat nicaraguayen.