Déclaration sur la Démocratie

CONSEIL DU MONTENEGRO – Travailler pour un nouveau cadre global pour l’économie mondiale, la paix et la sécurité, la démocratie et l’environnement, 29-30 juin 2009

 

Le necessaire renforcement de la democratie

 

Les socialistes et sociaux-démocrates se sont toujours distingués des autres formations politiques réclamant la démocratie politique, garante de justice civile, et est accompagné par la démocratie économique, garante de justice sociale.

La démocratie se base, dans sa dimension politique, sur le multipartisme, des élections libres, transparentes, régulières, à date échue et l’alternance. Elle doit être garante de la liberté d’expression, du droit à l’association, de la bonne gouvernance, de la lutte contre la corruption et de l’exercice de l’ensemble des droits civiques. Elle est consubstantielle de l’Etat de Droit, qui assure la séparation des pouvoirs et l’indépendance du pouvoir judiciaire et des magistrats.

Nous affirmons aussi que si la démocratie, dont les principes fondamentaux, soulignons le, sont universels, ne peut être imposée sur base d’un modèle venant de l’extérieur, elle ne peut pas non plus prospérer sans justice sociale et sans développement. Les situations en Irak et en Afghanistan prouvent combien il est impossible de faire adhérer à un modèle par la force. En Iran, après les récentes élections présidentielles du 12 juin 2009, les citoyens iraniens ont exprimé leurs souhaits de façon massive pour un système politique démocratique, pluraliste et transparent. Cela a été suivi par une répression sanglante contre les démonstrations pacifiques, l’arrestation des dirigeants politiques, des journalistes, des défenseurs des droits de l’homme et des restrictions imposées dans les médias et dans les communications électroniques. L’IS appelle les autorités iraniennes à libérer les citoyens arrêtés durant les dernières semaines et de répondre aux demandes du peuple iranien pour réexaminer de façon objective et complète toutes les procédures électorales.

Néanmoins, la démocratie est non seulement la seule organisation régulière, libre et transparente des élections, même si cela est un pré-requis. Cela implique aussi une organisation démocratique de la société, politiquement, légalement et respectant les pleines libertés, de même dans les domaines économiques, sociaux et de la protection environnementale.

Dans sa déclaration de Dakar du 20 juin dernier, le Comité Afrique de l’IS constate que la démocratie en Afrique est en péril à cause de tyrannies pseudo-démocratiques qui se maintiennent au pouvoir par la perversion des valeurs démocratiques telles les manipulations fréquentes des normes d’accession et de dévolution des pouvoirs et la tentation monarchique dans certains Etats où des héritiers désignés sont installés dans l’espace public et politique en vue de préparer ou d’organiser une dévolution successorale du pouvoir par des pseudo élections dont les résultats sont programmés et planifiés à l’avance. On peut ajouter, comme le souligne la Déclaration de Dakar, que ce tableau est davantage assombri « par la panne du système électoral qui souffre du double déficit de fiabilité et de crédibilité et par la résurgence des coups de force militaire qui interrompent les processus démocratiques. »

Constatant que les vieilles institutions et les vieilles régulations ne permettent plus de faire face aux mutations du monde, le Comité Afrique a estimé qu’il « importe de travailler à la promotion d’une véritable culture démocratique par l’adoption de valeurs partagées et respectées par les acteurs politiques, les citoyens, le pouvoir judiciaire et la presse. »

Cette culture démocratique, si nécessaire soit-elle, ne pourra toutefois prospérer sans développement. Car comment motivons-nous pour cette belle cause les citoyens de pays où sévit la famine, où une grande partie de la population est menacée par la disette et n’a pas accès à l’enseignement, par manque d’infrastructures scolaires à proximité ou tout simplement à cause de la grande pauvreté ? Or, il n’y a pas d’élections libres et transparentes sans choix ; il n’y a pas de libre choix possible si on vit dans la pauvreté sans futur et que l’on n’a pas accès à l’éducation.

De plus, comment organiser « l’éducation pour tous » dans un monde où la sécurité alimentaire, pourtant reconnue comme un droit humain, n’est pas garantie et dans lequel plus d’un milliard de personnes souffrent de malnutrition chronique, et voire meurent de faim, alors que d’autres sont menacées ?

Il est notre devoir, d’inclure, dans nos délibérations sur la démocratie, le volet économique et social, du commerce équitable et du développement durable, sans quoi notre exercice risquerait de se limiter à des vœux pieux sans effet réel pour les populations qui souffrent encore, à travers le monde – et non seulement en Afrique – d’un déficit démocratique. Cela suppose un dialogue franc, dans le respect mutuel, entre Etats et entre continents, qui inclut tous les aspects du dossier.

Notre engagement pour la démocratie doit se traduire par un comportement journalier pour la défense non seulement des droits humains dans toutes leurs composantes, mais aussi pour le respect  l’environnement et la biodiversité, car il y va de la survie de notre planète, pour la paix, la fraternité entre les peuples et la solidarité.

Ainsi nous éviterons que la démocratie ne soit, pour paraphraser de Lafontaine parlant de l’amitié un mot très commun parce que tout le monde se dit démocrate et qu’elle soit, en réalité, la plus rare du monde.