Déclaration sur le renforcement et la défense de la démocratie et de ses institutions

Réunion du Comité de l'Internationale Socialiste pour l'Amérique latine et la Caraïbe, SICLAC, Caracas, 19-20 juillet 2002

1. La démocratie politique est une valeur fondamentale de l’Internationale Socialiste, car elle fournit les fondations nécessaires et un cadre permettant d’assurer tous les autres droits fondamentaux et les libertés, y compris les droits économiques et sociaux.

L’Internationale Socialiste a été au premier plan de la lutte pour la démocratie partout dans le monde, et nos efforts permanents en Amérique latine et la Caraïbe, au cours des décennies, contre les régimes militaires et toutes autres formes de répression et gouvernements dictatoriaux, ont mené à des nations plus démocratiques à de plus grandes libertés pour les citoyens de la région.

Le rôle de la social-démocratie dans les victoires pour la démocratie et le progrès dans le respect des droits de la personne en Amérique latine et la Caraïbe ont servi comme modèle et inspiration dans d’autres parties du monde.

Des succès démocratiques ont été réalisés parce que les partis membres de notre Internationale ont eu des affinités directes avec le désir des peuples de vivre en liberté, d’être souverains à l’intérieur de leur propre pays. En même temps ils leur ont donné espoir durant les moments les plus noirs, et solidarité pour nourrir leur esprit démocratique et leur force croissante contre l’oppression.

2. Aujourd’hui, cependant, la lutte continue. La tâche est de maintenant défendre les gains que nous avons réalisés, et de renforcer, renouveler et rajeunir les institutions de la démocratie, et de les adapter aux défis qu’ont créés la mondialisation et les menaces du nouveau millénium.

Parmi les priorités en tête de liste en Amérique latine et la Caraïbe, est le besoin de renverser l’inégalité sociale et économique, en développant des politiques et des programmes au niveau local et mondial, à travers lesquels les peuples, les communautés et les nations peuvent mettre un terme au chômage, à la faim et à l’indigence.

Cela signifie rajeunir le processus politique, revitaliser les partis politiques et les autres institutions et créer de nouvelles voies pour institutionnaliser la participation des gens dans la politique. L’objectif est d’assurer que ce soient les citoyens qui conduisent la politique à long terme, une politique énergétique de participation et d’inclusion, capable de faire en sorte que le marché n’augmente pas le déséquilibre et les inégalités sociales et que la technologie travaille au service et à l’amélioration de chacun.

3. Pour l’Internationale Socialiste, la gouvernance démocratique embrasse un éventail de valeurs plus large, est définie par des termes plus profonds et est plus proche des aspirations des peuples, pour un monde plus juste, et ceci plus qu’aucun autre mouvement politique.

Les formes spécifiques de la démocratie peuvent varier de région à région, de culture à culture, mais la démocratie que nous embrassons est d’une nature universelle et requiert qu’une gamme d’éléments fondamentaux soit présente et protégée, en commençant par la liberté de choisir ses leaders et représentants, au travers d’élections justes et libres, à partir d’options politiques variées au sein d’une société pluraliste.

En pratique, la démocratie signifie aussi une séparation claire entre le pouvoir exécutif, législatif et judiciaire, fermement enracinée dans des constitutions nationales, pour assurer les vérifications requises et l’équilibre entre les institutions gouvernementales, ainsi que l’exercice équilibré d’une autorité élue et ce conformément à des principes.

La réélection présidentielle en Amérique latine et la Caraïbe a historiquement été néfaste à la démocratie, constituant une source de corruption des gouvernements qui l’ont recommandée. Pour cela, nos partis membres doivent promouvoir l’incorporation dans les constitutions des pays de la région du principe de la non réélection présidentielle comme moyen de maintenir la démocratie.

Les citoyens doivent pouvoir tenir leurs officiels élus responsables, non seulement par l’intermédiaire des urnes durant les périodes électorales mais également au travers d’un Etat de droit solide, enraciné dans un système judiciaire impartial, indépendant et efficace, et de façon à ce que personne ne puisse obtenir impunité à travers l’exercice du pouvoir politique, économique ou judiciaire.

L’Etat de droit démocratique doit garantir les pleins droits des individus, hommes et femmes, en pratique et en théorie, ainsi que le plein respect des droits des opinions des minorités organisées, que ce soit sur la base ethnique, ou sur la base d’une croyance religieuse, d’une langue ou d’une culture.

Le fonctionnement complet des partis politiques, des garanties pour une expression libre et ouverte, par l’intermédiaire des médias, publics ou privés, dans des discussions ou des débats publics, et dans toutes les institutions de la société, sont fondamentales à la gouvernance démocratique afin que le droit de parler ne soit dénié à personne.

Des garanties complètes du droit d’association dans toutes ses formes, comme au sein d’organisations non gouvernementales, sont des garanties non moins importantes. Cela inclut des syndicats libres ayant le droit de négocier collectivement et le droit de grève, ainsi que la gamme complète des organisations civiques qui témoignent de la détermination des citoyens dans le monde actuel de se regrouper pour lutter pour leurs droits et contribuer à l’amélioration de leurs communautés et de leur nations.

Les tendances du développements en Amérique latine et la Caraïbe servent aujourd’hui à souligner le besoin fondamental de renforcer et de défendre la gouvernance démocratique.

La mondialisation économique et les nouvelles technologies sont la promesse d’une avancée matérielle mais l’inégalité inhérente au cours de ce processus et l’accélération des changements ont mis, dans beaucoup de nos pays, énormément de pression sur de fragiles et nouvelles institutions démocratiques.

La forme dans laquelle se développe le processus de mondialisation limite l’étendue de l’Etat-nation, discréditant les dirigeants politiques et diminuant la validité de la démocratie même, en instaurant le fonctionnement du marché comme critère suprême au dessus de toutes autres valeurs.

De même, les pressions contre la démocratie et la crainte ainsi générée parmi certains citoyens ouvrent la voix à des éléments anti-démocratiques, faisant écho au passé, qui promettent de façon irresponsable des réponses faciles à des problèmes qui ne le sont pas. C’est un climat dans lequel l’insécurité encourage une violence plus grande, alors qu’une résolution pacifique des conflits destructeurs est d’urgence nécessaire.

Il incombe donc aux sociaux-démocrates d’Amérique latine, de la Caraïbe et partout dans le monde, de redoubler d’efforts dans le soutien de la gouvernance démocratique.

Cela signifie des efforts renouvelés en ce qui concerne la défense des droits collectifs et individuels, ainsi que des institutions démocratiques, tels les partis politiques, des élections justes et sans bavures ainsi que des médias libres et indépendants, le tout formant les fondations sur lesquelles les systèmes démocratiques sont construits. Il est recommandé que soient inclues des informations sur l’incorporation de l’informatique, le comptage des votes, en particulier ces procédés qui permettent aux souhaits de l’électorat d’être vérifiés et d’enquêter sur toute preuve de fraude.

La situation actuelle requiert également que l’on mette d’avantage l’accent sur la démocratisation économique et sociale, dans laquelle les citoyens peuvent participer plus pleinement au processus de prise de décisions à un niveau local, national et mondial, pour assurer un plus grand degré d’opportunités économiques et de justice sociale, nécessaires au maintien des systèmes démocratiques.

Il est également important de reconnaître la nécessité de donner la priorité à l’éducation pour faire en sorte que les démocraties puissent garantir le bien-être de la majorité.

Finalement, seule la social-démocratie peut fournir la solidarité nécessaire dans des moments si difficiles, pour aider à réduire les peurs et les doutes des gens, pour leur donner une confiance renouvelée dans les possibilités du futur, un futur qui peut être plus libre, plus juste et plus productif, du moment que tout le monde peut participer démocratiquement à sa construction.