Réunion du Comité Afrique de l'IS, Bamako, Mali

10-11 Avril 2015

Le Comité Afrique de l'Internationale Socialiste s'est réuni à Bamako, au Mali, les 10-11 avril, accueilli par les deux partis membres de l'IS, le Rassemblement pour le Mali, RPM, et l'Alliance pour la Démocratie au Mali - Parti africain pour la Solidarité et la Justice, ADEMA-PASJ. Les débats étaient axés sur les questions clé de la sécurité, la démocratie et le développement pour les peuples d'Afrique.

Pendant la cérémonie d'ouverture, à laquelle ont assisté les membres du gouvernement et les dirigeants des deux partis maliens membres de l'IS, l'assemblée a pu entendre le message de bienvenue de M. Boulkassou Haidara, Vice-président du RPM, et du Prof. Tiémoko Sangaré, Président de l'ADEMA, suivis par des discours d'Emmanuel Golou, Président du Comité et Luis Ayala, Secrétaire général de l'Internationale Socialiste.

Durant les sessions de travail qui se sont déroulées ensuite, les membres du Comité ont abordé un ordre du jour qui contenait deux thèmes : « Notre engagement à mettre un terme au terrorisme au Sahel et au-delà » et « Garantir les libertés, les droits et le développement grâce à la démocratie ».

En ce qui concerne le premier thème, Hamadoun Konaté, ministre malien pour la Solidarité, les affaires humanitaires et la reconstruction du Nord, a fait une présentation détaillée à propos de l'Accord d'Alger du 1er mars 2015, fruit de négociations intensives entre le gouvernement du Mali et les groupes armés du Nord. Pendant les discussions du comité, une analyse a été menée du processus lancé dans le pays pour la réconciliation nationale et la paix. Un appel a été lancé pour continuer à bénéficier du soutien de la communauté internationale afin de progresser rapidement vers la signature et la mise en œuvre de cet accord de paix conformément aux engagements pris par les parties concernées.

Également dans le cadre de ce thème, le ministre gouvernemental Zeiny Moulaye a fait un exposé sur la situation de la sécurité au Sahel. Les problèmes de criminalité transfrontalière et l'absence d'un contrôle démocratique du secteur de la sécurité dans la région ont été abordés, tout comme une série de vulnérabilités et de déficits structurels, ainsi que la fragilité de l'État et de l'écologie. Parmi les menaces pesant sur la paix et la sécurité sur le continent, les participants ont souligné l'importance de la pauvreté extrême, le phénomène d'extrémisme religieux, la migration, le trafic de drogue, la prolifération des armes légères, le terrorisme, les insurrections, l'exploitation étrangère des ressources naturelles de la région et les effets du changement climatique sur le secteur agricole. Ces facteurs ont eu des conséquences dramatiques sur tous les aspects de la vie politique, économique, sociale et culturelle, ainsi que sur la gouvernance elle-même dans les pays de la région du Sahel.

Les participants ont souligné la nécessité d'intégrer la question de la sécurité dans les politiques de gouvernance démocratique, de renforcer la coopération régionale débouchant sur une stratégie collective partagée incluant le développement de réseaux d'information adéquats, de programmes de prévention de la criminalité basés sur la coopération entre les différents services de sécurité et de la réforme du secteur de la justice afin de mieux protéger les citoyens et de garantir l'intégrité de ceux qui sont responsables de l'administration de la justice. Le rôle important des femmes dans la prévention et la résolution des conflits ainsi que dans la consolidation de la paix et de la réconciliation a également été reconnu et doit être encouragé.

Une Déclaration sur le processus de paix et de réconciliation nationale au Mali a été convenue, présentant les principales problématiques entrant en jeu et les opinions des membres du Comité.

Le second thème principal était présenté par deux orateurs : Nancouma Keita du RPM et Makan Moussa Sissoko de l'ADEMA-PASJ. Pendant les débats, la fragilité de la démocratie dans de nombreux pays a été soulignée et, malgré les importants progrès réalisés, comme par exemple au Mali, il reste de nombreuses tâches pressantes, dont la nécessité de renforcer l'État et les forces de sécurité, développer le rôle des partis politiques et de la société civile, responsabiliser les femmes, les hommes et les jeunes, éliminer la marginalisation et augmenter la participation, fournir une éducation pour tous, y compris les femmes et les filles, assurer une formation adéquate pour une presse professionnelle, réagir efficacement face au problème de la pauvreté et de ses conséquences, et développer la coopération régionale. L'impératif que les États respectent leurs obligations concernant les Objectifs de développement durable (SDG) et l'égalité entre les sexes a également été souligné.

L'ordre du jour du Comité comportait un débat sur les manières de renforcer le travail du Comité Afrique et de promouvoir le socialisme démocratique en Afrique. Le Comité a recommandé la création d'une université d'été pour éduquer les acteurs politiques et inculquer les valeurs essentielles de l'Internationale Socialiste, notamment à cette époque de radicalisation croissante et d'extrémisme religieux. Comme moyen d'influencer la prise de décisions au niveau régional, le Comité était également favorable à ce que l'IS recherche un statut au sein des organes régionaux tels que l'Union Africaine, et cherche à former un groupe socialiste au sein du corps législatif de l'Union Africaine, le Parlement panafricain. Le Comité a réaffirmé sa grande détermination à approfondir la coopération entre ses membres et à renforcer la solidarité et les objectifs partagés de notre Internationale, en opposant les tentatives pour l'affaiblir en créant d'autres alliances qui tournent le dos à la démocratie interne et à la nature inclusive de notre mouvement. La nécessité pour les parties de respecter leurs obligations financières a été soulignée en tant qu'impératif, car l'organisation en dépend. Le Secrétaire général de l'IS a été félicité pour ses efforts visant au bon fonctionnement de l'Internationale et de son Comité Afrique. Pour la prochaine réunion du Comité, qui doit se dérouler plus tard cette année, les participants ont choisi le Mozambique.

Pendant la troisième session, les participants ont partagé des informations sur la situation nationale dans leurs pays respectifs. Des développements positifs ont été notés au Niger et au Sénégal, mais on a reconnu que la démocratie était un processus évolutif et que la vigilance, le soutien et la solidarité de la communauté internationale étaient importants pour pouvoir réaliser de nouveaux progrès. Le déficit de démocratie et le manque de respect pour les droits et libertés fondamentaux dans plusieurs pays est une source de préoccupation constante et le Comité a répété sa solidarité avec les partis membres de l'IS dans les pays suivants : Cameroun, Tchad, Congo, Guinée Équatoriale, Gambie, Mauritanie et Swaziland. Des appels ont été lancés pour une résolution paisible de la transition en République Centrafricaine, pour une alternance démocratique réussie au Bénin, pour un encouragement des forces progressives au Burkina Faso, et pour une prolongation du dialogue débouchant sur une solution politique et mutuellement convenue à la situation au Sahara Occidental. On a salué S.E. le Président Mahamadou Issoufou pour les importants progrès réalisés au Niger sous sa direction et on a exprimé de chaleureuses félicitations à l'APC du Nigeria et au Président élu Muhammadu Buhari pour leur récent succès électoral, réitérant par la même occasion le soutien total aux efforts faits dans ce pays pour consolider la démocratie, vaincre et éliminer le terrorisme et apporter le progrès, la paix et la stabilité. Une Résolution sur les principales questions abordées a été émis par le Comité.

Les participants ont exprimé leur gratitude pour l'hospitalité chaleureuse et fraternelle des partis hôtes, le RPM et l'ADEMA-PASJ, ainsi que par le Président de la République du Mali, S.E. Ibrahim Boubacar Keita, dont l'engagement sans faille envers l'Internationale Socialiste et ses valeurs et principes a été souligné.