COP25 : l’IS appelle à un niveau d’ambition plus élevé et à une action immédiate face à l’urgence climatique

2 Décembre 2019

L’Internationale Socialiste et ses partis membres ont plaidé sans relâche pendant de nombreuses années pour une action internationale concertée et coordonnée afin d’éviter les changements climatiques catastrophiques et le réchauffement climatique. Reconnaissant que les changements climatiques sont une menace existentielle aux graves conséquences sur tous les aspects de la vie humaine, y compris le développement, la paix et la prospérité, la Commission de l’IS pour une Société mondiale durable, créée en 2006, a œuvré intensément pour formuler une réponse sociale-démocrate à l’enjeu des changements climatiques. Le rapport de la Commission intitulé « D’une économie à haute teneur en carbone vers une société à faible teneur en carbone » a été publié en septembre 2009 est ses conclusions demeurent pertinentes aujourd’hui. Dans la décennie qui a suivi ladite publication, les changements climatiques n’ont jamais cessé d’être au cœur du programme de l’IS, comme thème majeur des réunions du Congrès, du Conseil et du Présidium. L’IS a été présent aux principaux sommets sur les changements climatiques et le développement durable, notamment au dernier Sommet Action Climat du secrétaire général des Nations Unies en septembre 2019, et a cherché à coordonner une approche commune reprise par ses partis membres et basée sur le principe fondamental de la justice climatique.

Le Présidium de l’IS, qui s’est réuni peu de temps après le sommet, a souligné l’étendue selon laquelle les partis socialistes et sociaux-démocrates continuent à être à l’avant-poste des efforts mondiaux pour l’adoption de toutes les mesures nécessaires pour éviter les conséquences catastrophiques des changements climatiques. En parallèle de la COP25, et à l’instar des occasions précédentes, l’IS rassemblera les ministres de l’Environnement de la famille social-démocrate pour débattre et discuter de leurs priorités et attentes.

L’année dernière, à la veille de la COP24 à Katowice, 94 leaders de l’Internationale Socialiste ont signé une lettre ouverte lançant « Un appel global pour une société mondiale durable – avant qu’il ne soit trop tard », publiée le 30 novembre 2018. Tout au long de l’année dernière, il est apparu encore plus clairement que le degré d’action actuel est insuffisant. En dépit des engagements pris dans l’Accord de Paris, aucune réduction de la concentration de gaz à effet de serre n’a été observée dans l’atmosphère, ni même un ralentissement de son taux de croissance. Selon le dernier rapport de l’Organisation météorologique mondiale (OMM), la concentration globale de CO2 a augmenté pour atteindre un nouveau record de 407,8 particules par million (ppm) en 2018, alors que le seuil symbolique de 400 ppm a été dépassé pour la première fois en 2015.

Cette tendance est confirmée par le Rapport de l’ONU sur l’écart entre les besoins et les perspectives en matière de réduction des émissions 2019, qui fait état d’une augmentation des émissions de gaz à effet de serre de 1,5 % par an au cours des dix dernières années, pour atteindre un taux record de 55,5 gigatonnes en équivalent dioxyde de carbone (GtCO2) en 2018. Cet échec collectif à endiguer la croissance des émissions de gaz à effet de serre a de graves conséquences, puisque pour chaque année passée à repousser le plafond, des mesures plus fortes et rapides sont désormais nécessaires. En date de publication du rapport, ce dernier a calculé que les émissions en 2030 devront être 55 % moins élevées qu’en 2018 pour que le monde prenne la voie la moins préjudiciable pour limiter le réchauffement climatique en deçà de 1,5°C. Néanmoins, il est estimé que les émissions ne seront pas plafonnées avant 2030 si les politiques climatiques actuelles et le degré d’ambition des contributions déterminées au niveau local sont maintenus en l’état. Or, à cette date-là, la fenêtre d’opportunité pour prendre les mesures nécessaires afin d’éviter un réchauffement climatique catastrophique sera définitivement fermée.

La science est claire depuis fort longtemps, et les preuves ne cessent de s’accumuler sur le fait que les mesures ne sont pas à la hauteur des ambitions en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Il est estimé que les activités humaines ont déjà provoqué un réchauffement climatique d’environ 1,0°C par rapport à l’ère préindustrielle, et si leur croissance est maintenue au rythme actuel, le réchauffement atteindra probablement 1,5°C entre 2030 et 2052, selon le dernier Rapport spécial du GIEC sur les conséquences d’un réchauffement climatique de 1,5°C. Il est clair que nous devons limiter le réchauffement climatique à un seuil maximal de 1,5°C. Les modèles climatiques anticipent une différence majeure entre un réchauffement climatique limité à 1,5°C et limité à 2,0°C pour ce qui trait à l’augmentation de la température moyenne, les températures extrêmement élevées dans la plupart des régions habitées et les risques de fortes précipitations dans de nombreuses régions, ainsi que la sécheresse et le manque de précipitations dans certaines régions. En bref, si l’augmentation devait être de 2,0°C, la probabilité de phénomènes climatiques extrêmes sera bien plus élevée. Pour cette année uniquement, nous avons été témoins du coût dévastateur des tempêtes, inondations, sécheresses et températures extrêmes, qui trop souvent sèment la destruction et emportent des vies parmi les populations les moins à même d’en affronter les conséquences, et les moins responsables de l’urgence climatique.

Nous savons que l’enjeu est colossal. Le GIEC précise que les avenues menant à une limitation du réchauffement climatique à 1,5°C exigent des transitions sans précédent en termes d’échelles des systèmes énergétiques, urbains, industriels, d’infrastructures et de gestion des terres. Tous les secteurs doivent contribuer à de fortes réductions des émissions et des investissements bien plus importants. Comme l’a indiqué le secrétaire général des Nations Unies lors du Sommet Action Climat de cette année, l’urgence climatique est une course que nous sommes en train de perdre. En dépit de l’importance de ce sommet qui a rassemblé les chefs d’État, le secteur privé et les acteurs de la société civile pour accélérer la dynamique et l’élan de la lutte contre la crise climatique et des promesses importantes qui y ont été formulées, une plus grande volonté politique et des engagements plus fermes sont nécessaires si nous voulons remporter la course.

Aujourd’hui, alors que le Sommet de la COP25 débute à Madrid, l’Internationale Socialiste appelle la communauté internationale à s’appuyer sur l’Accord de Paris, et les engagements pris lors du Sommet Action Climat pour revoir à la hausse les objectifs de contributions déterminées au niveau local ainsi que les stratégies à long terme de tous les pays, en particulier les plus grands pollueurs de carbone, afin d’atteindre la neutralité carbone d’ici à 2050. En sus de cela, il s’agit de s’engager à agir immédiatement pour garantir une réduction urgente des émissions qui doit avoir lieu dans les prochaines années si nous voulons être en mesure de limiter le réchauffement climatique à 1,5°C. À cette fin, l’Internationale Socialiste plaide avec force pour éliminer les subventions aux énergies fossiles, appliquer une taxe carbone et mettre fin à l’énergie au charbon à l’horizon 2020. Nous vivons une urgence climatique qui ne pourra être affrontée que par une coopération multilatérale sans précédent entre les gouvernements, le secteur privé et la société civile. Pour l’avenir de notre planète et le bien-être des générations futures, l’échec n’est pas une option.